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Interpellation de la FA-FPT CD62 lors de la réunion du Comité de suivi du Plan Enfance

Monsieur le Président,

Suite à la réunion du Plan enfance, qui s’est déroulée le vendredi 9 septembre dernier, l’ensemble des représentants assistants familiaux de notre organisation syndicale a fait le choix de vous interpeller afin de vous aider à répondre à la question : comment trouver des candidats au métier d’assistants familial ?

En effet, vous déplorez la diminution du nombre d’assistants familiaux et vous faites le constat que les jeunes professionnels ne souhaitent plus accueillir autant d’enfant qu’avant.

La réponse est pourtant très simple : apportez de la reconnaissance, de la visibilité et une rémunération juste aux assistants familiaux.

Vous n’êtes pas sans savoir que le statut de l’assistant familial est particulier. Depuis la loi qui professionnalise le métier, les professionnels ont obtenu le statut de travailleurs sociaux et pourtant, dans le Pas-de-Calais, les assistants familiaux n’ont pas l’impression d’être considérés comme tel.

Les équipes pluridisciplinaires ne prennent pas forcément en compte les constats et propositions faites par l’assistant familial, ce sont pourtant les acteurs principaux (en dehors de l’enfant) de l’accompagnement quotidien et les premiers impactés par les décisions qui seront prises. De plus en plus de collègues témoignent d’informations données la veille pour le lendemain, notamment en terme de droits de visite ou d’hébergement. Pour rappel, même si la conduite des enfants entre dans les missions de l’assistant familial, beaucoup ont au moins deux enfants accueillis.

Les menaces sont également de plus en plus présentes, notamment en cas de refus d’accueillir un enfant. Nous sommes conscients de la tension qui existe pour trouver un lieu d’accueil mais la pression et les menaces ne permettent pas de travailler sereinement. Certains professionnels des SEF oublient parfois que les assistants familiaux sont leurs collègues. Il n’existe aucun lien hiérarchique entre eux.

De même, les menaces sont présentes en cas de rupture de contrat d’accueil par l’assistant familial. En effet, comme l’a rappelé le Directeur Général Adjoint du Pôle Solidarités lors d’une réunion : les assistants familiaux ne sont pas en-dessous des lois. Le code de l’action sociale et des familles encadre la demande de rupture du contrat d’accueil que ce soit à la demande de l’employeur que du salarié. Il est inadmissible que les collègues aient une mesure disciplinaire alors qu’ils ont juste fait appliquer leur droit.

Il existe également un fossé dans la considération donnée aux assistants familiaux, agents contractuels en CDI, et les agents (titulaires ou contractuels) des autres services. Nous prenons pour exemple l’accueil qui leur est fait en MDS où rien n’est mis en place pour les accueillir comme des collègues (peu de MDS possèdent une salle de travail qui leur est dédié ou un lieu d’accueil différencié de celui des usagers) ou encore les festivités de noël où ils en sont totalement exclus.

Sur la question de la rémunération, notre organisation syndicale est satisfaite de la revalorisation salariale liée à l’accueil du premier enfant, cependant nous déplorons qu’aucune revalorisation ne soit proposée dans la loi pour les autres enfants accueillis. Jusqu’à présent le Département du Pas-de-Calais propose une rémunération supérieure à partir du 3ème enfant accueilli mais les propos tenus lors de la rencontre de vendredi dernier ne sont pas rassurant quant au maintien de cette rémunération.  Pour rappel nous vous avons envoyé un courrier le 5 septembre afin de connaître votre position sur la rémunération des assistants familiaux suite à la sortie du décret datant du 31 août dernier. Nous vous proposions également de revaloriser les salaires que ce soit pour les 1er, 2ème, 3ème ou encore 4ème enfants accueillis.

Nous sommes surpris que vous n’ayez pas préparé l’application de la loi sur la rémunération alors qu’elle date de février 2022 et que d’autres départements n’ont pas attendu la sortie des décrets pour l’appliquer. Nous prenons comme exemple le Département de la Gironde qui a reconnu, en mai dernier, l’assistant familial comme travailleur social et qui a revalorisé son salaire bien au-delà de ce que propose la loi Taquet.

Dans cette même loi Taquet est fait mention du droit à la déconnexion : demande portée par notre organisation syndicale et réitérée ce 9 septembre à laquelle personne n’a apporté de réponse. Droit qui s’exerce déjà dans un certain nombre de Département.

Enfin, vous n’êtes pas sans savoir que le coût de la vie a considérablement augmenté, que ce soit en terme alimentaire ou d’énergie. Quand prendrez-vous enfin la décision de revaloriser l’allocation d’entretien ? Pour rappel, le code de l’action sociale et des familles stipule que « les frais exposés pour l’enfant (nourriture, frais généraux, linge, scolarité, loisirs…) sont à la charge de l’employeur qui remet à cet effet à l’assistant familial une indemnité d’entretien ».

Soyez persuadé, Monsieur le Président, que l’ensemble des collègues se démène tous les jours pour accompagner au mieux les enfants qui vous sont confiés, pour assurer les conduites, pour maintenir lorsque c’est possible les liens familiaux, pour dormir à l’hôpital lorsqu’un enfant est hospitalisé, pour assurer les liens avec l’école et faire le suivi scolaire, pour soigner les petits bobos… L’assistant familial est souvent la personne ressource pour les enfants placés. C’est lui qui rassure, qui câline, qui explique, qui cadre, qui sécurise que ce soit affectivement ou matériellement, …

Un salarié qui se sent considéré c’est un salarié qui est heureux de travailler pour son employeur. Vous pouvez effectuer toutes les campagnes de recrutement possible, le meilleur moyen de trouver de possible candidats reste le bouche-à-oreille. Cependant au vu du manque de considération globale, beaucoup d’assistants familiaux déconseillent aux possibles postulants de se lancer dans cette aventure qui est pourtant riche humainement, grâce uniquement aux enfants accueillis.

Si vous souhaitez arrêter l’hémorragie dans les rangs des assistants familiaux, ayez le courage et la volonté de les considérer tel qu’ils doivent l’être, de leur apporter votre soutien en rappelant à tous qu’ils font partie intégrante de votre institution, qu’ils sont de vrais travailleurs sociaux, de leur accorder un droit au repos et de les rémunérer à juste titre.

Si la protection de l’enfance est vraiment une priorité du Département, nous vous demandons des gestes forts qui passent forcément aux yeux de tous en priorité par ces éléments que nous avons évoqué.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, nos salutations respectueuses.

La Secrétaire Générale,

      Sandrine Trépié

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