Il y a quelques jours, la Première ministre Elisabeth Borne annonçait une hausse d’un peu plus de 2% du SMIC. Mais ce n’est pas un geste du gouvernement ! Comme nous vous l’expliquions dans un précédent article, le SMIC est automatiquement revalorisé dès que l’inflation dépasse les 2%.
C’est donc une hausse de 2,19% pour des millions de salariés payés au SMIC, mais aussi une hausse de salaire pour les assistants familiaux et pour plus de 400 000 agents payés au minimum du traitement indiciaire.
Le traitement indiciaire minimal a déjà été revalorisé au 1er mai 2022 puis au 1er janvier 2023 (malgré la hausse de 3,5% du point d’indice en juillet 2022), mais tout juste 5 mois après, il doit de nouveau être augmenté pour ne pas laisser des centaines de milliers de fonctionnaires avec un traitement inférieur au SMIC.
Suite à cette hausse le SMIC passera au 1er mai à 1 747,20 euros brut par mois. Avec un point d’indice à 4,85003€, le traitement indiciaire minimal devrait donc passer à 361 soit 1 750,86 euros brut par mois. Une hausse de 8 points ( 38,80€ brut ) bienvenue pour les plus petits salaires, mais qui a pour conséquence de faire basculer des milliers de fonctionnaires au SMIC.
Jusqu’à présent, les 7 premiers échelons de la grille C1 et les 3 premiers de la grille C2 étaient payés quelques euros par mois au-dessus du SMIC ; à partir du 1er mai, les fonctionnaires au 8ème échelon de la grille C1 et ceux au 4ème et 5ème échelon de la grille C2 le seront aussi. La hausse du SMIC a cette fois-ci des conséquences sur les catégories B : les 2 premiers échelons de la grille B1 arrivent eux aussi à l’indice majoré 361, soit la valeur du 3ème échelon.
Alors que l’écart entre C et B se réduisait, il est maintenant réduit à néant. Un agent de catégorie B avec 3 ans d’ancienneté a maintenant le même traitement indiciaire qu’un agent de catégorie C fraîchement nommé ! Et cela alors que les grilles des agents de catégorie B ont été revues il y a moins d’un an !
Mais c’est aussi des centaines de milliers de fonctionnaires qui n’ont plus d’évolution de salaire pendant des années et pour lesquels leur ancienneté n’a plus aucune valeur !
En effet, un fonctionnaire ayant 12 ans d’ancienneté aura le même salaire qu’un agent fraîchement nommé ! Et pour ce dernier, lors de ses 12 premières années de service, ses avancées d’échelons n’auront aucune incidence sur son salaire !
Alors que les collectivités ont de plus en plus de mal à recruter, on ne comprend pas comment un salaire bloqué pendant 12 ans pourrait aider à résoudre le problème.
Et surtout, ça ne risque pas de s’arranger ! Le 9ème échelon de la grille C1 est à seulement 2 points et le 6ème échelon de la grille C2 est lui à seulement 4 points. Ils seraient en toute logique touchés eux aussi lors de la prochaine hausse du SMIC (soit dès que l’inflation dépasse de nouveau 2%) et porteraient la période sans évolution de salaire de 12 à 15 ans !
Mais le plus dramatique reste pour les millions d’autres agents qui ne profitent pas de cette hausse du traitement indiciaire et pour qui la revalorisation du point d’indice en juillet 2022 reste bien insuffisante pour suivre l’inflation.
Il est temps pour le gouvernement d’appliquer au point d’indice la même règle que pour le SMIC : une valeur indexée sur l’inflation.