Alors que l’on a vu que le nombre d’enfants accueillis à l’Aide Sociale à l’Enfance augmente d’année en année et que le nombre d’assistants familiaux diminue, lui, au fil du temps, nous avons voulu nous renseigner sur la phase de recrutement et d’agrément de ces derniers.
Retrouvez les précédents articles :
1)Département du Pas-de-Calais : toujours moins pour l’Aide Sociale à l’Enfance?
2)ASE: toujours plus d’enfants, toujours moins de moyens?
3)Assistant familial : le minimum légal comme règle d’or ?
4)De moins en moins de famille d’accueil?
Si sur la phase du recrutement, le Département a ses propres critères auxquels nous n’avons pas accès et qu’il reste libre de ses choix, pour la partie agrément on nous remonte de nombreuses incohérences.
Des exigences toujours plus nombreuses et coûteuses ?
Il faut savoir qu’il existe un guide sur le référentiel pour l’agrément des assistants familiaux à l’usage des services départementaux de protection maternelle et infantile.
Il date de 2014 (il n’y en a pas eu d’autres à notre connaissance) et il est fourni par la Direction générale de la Cohésion sociale.
La phrase la plus importante de ce guide est pour nous la page 16 dans la rubrique : II.C.2 Les dimensions, l’état du domicile, son aménagement, l’organisation de l’espace et sa sécurité
La sécurité de l’accueil résulte autant de critères matériels objectifs que d’une conscience des dangers,
https://ufnafaam.org/wp-content/uploads/2017/12/ref_agremt_assistants_familiaux_jfh.pdf
d’une logique d’anticipation et d’attitudes préventives. Il s’agit donc de repérer les risques évidents et
manifestes pour la sécurité des enfants accueillis dans une habitation qui est un domicile particulier et non un lieu dédié entièrement et exclusivement à l’accueil d’enfants.
Une phrase qui devrait parfois être relue par les services de PMI de l’ensemble des départements….
Des exigences en fonction du territoire et de la tête du client ?
En échangeant avec différents assistants familiaux on nous a remonté que les exigences des services variaient d’un territoire à l’autre et d’un département à l’autre.
Par exemple, certains territoires exigent des poignets à clé aux fenêtres quand d’autres ne le demandent pas.
On nous a remonté aussi la demande par la PMI chez un assistant familial de mettre un filet entre les marches d’un escalier et le mur alors qu’il y avait 5cm d’espace d’un coté et 2cm de l’autre!
La PMI d’un secteur a aussi demandé à une AssFam de mettre un grillage rigide devant une unité extérieure de pompe à chaleur pourtant déjà équipée d’une grille de protection. Pourtant à 400m de là chez une autre AF aussi équipée d’une pompe à chaleur avec unité extérieure aucune demande de ce type…
Des exigences qui varient selon les besoins des services
Les surfaces des chambres pour un partage de chambre varient aussi en fonction des territoires.
Une AssFam nous a rapporté par exemple qu’elle avait eu deux refus (un pour une place ADTE et l’autre pour un agrément) de partage de chambre de la part de la cheffe de service d’un secteur. Puis quelques mois plus tard quand les services ont eu besoin en urgence de placer un enfant la même cheffe de service a demandé les dimensions par mail puis a accordé la surcapacité…. La surface n’a bien sûr jamais changé.
Puis quelques mois plus tard l’assistante familiale a voulu régulariser sa place en faisant une demande d’agrément pour garder sur le plus long terme cet enfant. Une assistante sociale d’un autre secteur s’est déplacée car celles du secteur ne pouvaient pas le faire dans le délai imparti. Une fois sur place elle n’a pas compris les craintes de l’AF sur la surface de la chambre, aucun problème pour cette dernière, la chambre est bien assez grande !
Le département s’est donc privé d’une place potentielle pendant des années !
Des travaux aussi dans la chambre de leurs enfants
Il est parfois aussi demandé des aménagements dans la chambre des enfants de la famille d’accueil.
Par exemple, il a été exigé une poignée à clé dans la chambre de l’enfant d’un AssFam et de protéger l’échelle de lit (3 barreaux 1m de hauteur) de cet enfant. Et travaux exigés malgré le refus d’extension de son agrément.
Une succession de visite avec des demandes toujours différentes
Une autre AF qui a vu passer 7 assistantes sociales chez elle en 3 ans pour :
-Demande de 1er agrément
-Appel du refus de son agrément
-Une demande ADTE
-Une demande d’agrément supplémentaire
-Demande de 1er agrément pour son mari
-Appel de refus de l’agrément de son mari
-Demande d’un agrément supplémentaire.
Lors de chacune de ces visites des demandes supplémentaires de sécurité ont eu lieu, générant à chaque fois des frais supplémentaires, même quand la demande débouchait sur un refus, les travaux étaient exigés.
Des demandes à la libre exigence des agents ?
On nous a remonté aussi des demandes très spécifiques et sur l’unique critère de préférence de l’agent de PMI.
Une assistante familiale nous raconte par exemple qu’elle avait acheté des sécurités de portes de placard de cuisine à coller sur les façades :
L’agent sur place a fait comprendre à la futur assistante familiale qu’elle préférait les sécurités invisibles à aimant. Elles coûtent plus cher et cela a obligé l’AssFam à jeter les anciennes mais les département ne s’en soucie pas.
Contrairement à d’autres départements, aucune prime d’installation pour les assistants familiaux.
Des travaux coûteux qui n’assurent ni l’agrément ni l’embauche !
Car si la PMI exige des travaux, ce n’est pas forcement une garantie d’avoir l’agrément.
On a encore un témoignage d’un AF à qui la PMI a remonté des travaux de mise en sécurité à faire et qui a donc engagé des frais pour les faire mais qui a quand même eu un refus d’agrément avec pour motif, entre autres, un manque de sécurité dans le logement !
L’agent n’est même pas repassé pour vérifier si les travaux étaient faits….
L’agent avait entre autre demandé de rehausser un mur extérieur puis quand il est repassé 1 ou 2 ans après pour une demande de place ADTE il s’est étonné que le mur a été réhaussé car pour lui il était déjà assez haut !!!
Et une fois l’agrément en poche, après avoir financé des travaux de mise en sécurité ou/et d’agrandissement, aucune assurance d’être embauché par le département !
Imaginez un employeur qui demande à une secrétaire d’acheter son ordinateur avant l’entretien d’embauche, ou au maçon d’acheter un camion et une bétonnière!
Le département passe donc à côté de certains candidats
Avec une politique aussi décousue le Département passe donc à côté de certains candidats alors qu’il manque cruellement d’assistants familiaux…
Il en est de même pour les assistants familiaux des départements limitrophes qui pourraient venir travailler pour le Pas-de-Calais.
Bon nombre d’Ass Fam ont d’abord eu un refus d’agrément et ont donc dû faire appel de la décision avant d’être finalement agréé pour 1 puis 2 et parfois même 3 accueils.
Des entrées dans le métier décalées de quelques mois alors que des enfants attendent un placement familial…
Mais c’est aussi plein d’autres candidats qui ont été découragés et qui ne reviendront pas et qui manqueront au département.