Alors que l’on a vu que le nombre de mesures de placements augmente d’année en année, le personnel, lui, ne suit pas la même courbe.
Bien au contraire, les travailleurs sociaux sont de moins en moins nombreux !
Retrouvez les précédents articles :
1)Département du Pas-de-Calais : toujours moins pour l’Aide Sociale à l’Enfance?
2)ASE: toujours plus d’enfants, toujours moins de moyens?
3)Assistant familial : le minimum légal comme règle d’or ?
4)De moins en moins de famille d’accueil?
5)Agrément à la tête du candidat ?
6)De plus en plus de placements en établissements
7)Quel coût de placement en établissement ?
Mais est-ce une volonté du département ?
On ne compte plus le nombre d’offres d’emploi de Référent protection ou Assistant socio-éducatif publiées par le CD62… Sandrine Trépié avait déjà alerté il y a plusieurs années sur la tension des métiers sociaux mais le département n’a pas voulu l’entendre.
Et aujourd’hui avec des conditions de travail pour le moins compliquées, difficile d’attirer des candidats et de les garder une fois en poste. Le Département paie les conséquences de sa politique ASE.
Assistant socio-éducatif: le minimum légal ?
Car comme pour les AssFam, le département fait souvent le minimum pour ses agents…
A commencer par le Ségur qu’il a appliqué au minimum possible. Il a respecté à la lettre le décret pour ne pas faire entrer une seule personne de plus dans le dispositif.
Dans le Pôle Solidarités 54,6% des agents n’en bénéficient pas ! Soit plus d’un sur deux… Et c’est sans compter les assistants familiaux qui eux aussi, contrairement à d’autres départements, n’en bénéficient pas.
Avec les AssFam le taux de bénéficiaires du Pôle Sol passe de 45,4% à 22,6%. Soit plus de 3 agents sur 4 qui ne bénéficient pas de la prime Ségur!
Mais surtout des conditions de travail très dégradées.
Le département n’a pas voulu nous communiquer le taux d’arrêt maladie au Pôle Sol mais nul doute qu’il est élevé!
Certains services ont pu rester ouverts grâce aux contractuels, qui par crainte de ne pas être renouvelés, n’osent pas prendre d’arrêt maladie quitte à mettre leur santé et leur famille en danger.
Les référents doivent parfois passer plus de 100 appels par jour pour trouver une solution à un enfant, parfois pour seulement quelques jours…. Ils se retrouvent aussi à faire chauffeur et à devoir partir deux jours pour emmener un enfant dans un autre département. Et il n’est pas rare de voir des agents encore aux MDS en pleine nuit parfois jusqu’à 4 heures du matin ! Pendant que les référents sont sur les routes et rentrent à des heures indécentes, le Président regarde le Voyageur à la télévision.
Quelle responsabilité quand un accident arrivera ?
Et dans les bureaux, dans les couloirs, les questions se posent : Qui portera la responsabilité d’un accident d’un professionnel en pleine nuit après avoir conduit un enfant sur son lieu d’accueil pour la nuit? Qui portera la responsabilité d’un accident s’il arrive quand le professionnel conduit un jeune et que le jeune en ressort blessé? Qui portera la responsabilité si l’enfant décède pendant le transport? Si le jeune blesse le professionnel créant l’accident? Qui expliquera à ses enfants, à sa famille pourquoi maman ou papa est mort(e) en faisant son travail? Où en est le respect de la législation du travail quand un référent commence sa journée à 8h et la termine à 4 heures de matin?
Lors de la manifestation des agents sociaux du 2 mai dernier nous avons échangés avec les agents de différents SSD et SEF. Ils se sentent délaissés, ils disent maltraiter les enfants ! les agents ont parfois 10 à 15 enfants sans lieu d’accueil à gérer pour 2 assistants sociaux-éducatifs. Ils se retrouvent à devoir laver et sécher le linge des enfants à la MDS, des enfants ne sont plus scolarisés depuis plus d’un an! Si ils veulent les scolariser ils sont obligés de les domicilier dans les MDS.
La perte de sens de leur travail est l’une des principales causes de mal-être des professionnels : leurs missions doivent être en premier lieu dans l’accompagnement des enfants et les aider à construire leur projet de vie. Ils n’en ont plus le temps, ils ne travaillent que dans l’urgence de trouver des places et n’ont plus le temps de s’occuper des enfants.
De plus en plus de mesures par référent.
Lors d’un échange avec un RSASE, il nous avait confié qu’en temps normal un référent devait gérer 35 mesures.
Dans le Lot-et-Garonne, les référents gèrent en moyenne 30 mesures, les syndicats ont alerté l’inspection du travail car les agents sont en surmenage !
Au CD62 on sait très bien que dans les faits beaucoup de référents sont à bien plus de 35 mesures, et qu’il est impossible de faire un travail de qualité dans ces conditions. Pallier à l’urgence et uniquement à l’urgence. Une perte de sens dans leur travail quotidien, des tâches administratives toujours plus nombreuses…. Comment attirer de nouveaux agents dans ces conditions ?
Cela crée aussi des tensions dans les relations avec les assistants familiaux qui n’arrivent plus à joindre les référents. Des référents qui sont obligés de réduire la qualité du suivi des jeunes au strict minimum et qui ne peuvent plus aider les AssFam en difficultés avec certains jeunes.
Une surcharge de travail qui crée aussi des tensions avec les parents ce qui complique encore plus la situation de l’enfant.
Une situation qui crée de nombreuses réorientations et qui alourdie encore un peu plus le travail de ces agents