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La protection de l’enfance : témoignage d’un assistant familial

Parce que la protection de l’enfance représente un enjeu que certains ne veulent pas mesurer ni prendre en compte pour l’avenir des enfants confiés au Département, il nous a semblé important de reprendre sous forme de témoignages le vécu de nos collègues quel que soit leur métier.

Vous pourrez retrouver des articles qui leur seront consacrés au gré de leurs témoignages.

Nous commençons par Madame D qui, bien sûr, a souhaité garder l’anonymat…

« Dans un premier temps, je vais commencer par me présenter puis j’expliquerai mon
parcours professionnel ainsi que mes choix de devenir assistante familiale.
Je me présente, je me prénomme Madame D, je suis née en 1972, j’ai 50 ans. Marié depuis
24 années. De notre union est née A. Puis C.
Nous sommes propriétaire d’une maison dans laquelle j’exerce mon métier.


Concernant mon parcours professionnel, j’ai débuté en obtenant mon Certificat d’Aptitude
Professionnel en comptabilité en 1990. Suite à cela, j’ai exercé au sein de l’IUFM de Douai en
tant que secrétaire. Par manque d’intérêt je me suis vu effectuer une reconversion
professionnelle dans l’hôtellerie restauration. Par ailleurs, j’ai pu découvrir le métier au sein
de plusieurs chaînes de restauration comme Flunch, cafétéria divers, traiteur puis, obtenir
plus de responsabilités en tant que responsable au sein d’un restaurant dans des
départements différents comme l’Ain, Aberville etc.
Après avoir obtenu plusieurs compétences en restauration et par manque de disponibilités
pour mes enfants, j’ai souhaité travailler au sein de mon domicile afin d’être pleinement
disponible pour eux. Afin de maintenir le contact avec l’usager, je me suis renseigné sur le
métier d’assistante familial afin de venir en aide aux enfants rencontrant des difficultés
familiales. Il s’agit alors d’accompagner les générations futures vers une vie équilibrée, saine
et aimante.
De ce fait, j’ai engagé une procédure de recrutement dans le Nord qui s’est vu être refusé.
J’ai ensuite, engagé de nouveau une procédure cette fois-ci dans le Pas-De-Calais qui a vu le
jour en 2008.
Suite à cette agréable nouvelle, quelques mois après je me suis vu accueillir une jeune fille
de 22 mois au sein du domicile familial.

Lors de notre temps de travail en tant qu’Assistante Familiale, nous devons honorer
plusieurs rendez-vous et s’adapter en fonction des familles et enfants que nous
accompagnons.
Exemple : nous sommes mercredi, les enfants sont au domicile de l’Assistante Familiale car
ils n’ont pas l’école. Il rencontre leurs parents, il faut donc effectuer la levée et pratiquer les
habitudes quotidiennes, douche, habillage, et ainsi travailler l’autonomie. Dans un second
temps, je me verrais amener les enfants au sein de leurs domiciles familiaux de référence
afin de rencontrer leur famille durant quelque temps. En contre temps, il faudra également
que j’emmène un autre enfant que j’accueil rejoindre son domicile familial afin de
rencontrer ses parents pour 45 minutes. Suite à ce droit de visite effectuer, je reprends
l’enfant et part de nouveau rechercher les autres enfants en droit de visite également. Après
un court échange avec les familles, je reprends la route pour rentrer à mon domicile. En
amont, je prépare le repas du midi afin de gagner du temps lors de notre court retour.

En effet, le repas s’effectuera sur un court temps car suite à ce repas, nous devons de
nouveau repartir afin d’effectuer les diverses prises en charge orthophonie des enfants.
Lors de notre retour au domicile, nous enchaînons les rituels du soir tel que douche, pyjama,
repas, petite lecture avant le coucher.

Durant mes années d’expériences, j’ai accueilli un jeune durant une dizaine d’année que j’ai
accompagné pour sa reconnaissance des pupilles de l’état et également dans son parcours à
l’adoption. Cette expérience m’a permis de m’enrichir dans mon travail et d’aboutir mes
objectifs professionnels en lien avec les besoins de cet enfant.

Mon expérience professionnelle qui m’a mise le plus en difficulté émotionnellement en tant
qu’Assistante Familiale a été la prise en charge d’une jeune enfant de 22 mois à ses 14 ans
et lors de mon retour de vacances sa décision a été de rester auprès de sa sœur, dans
laquelle elle était accueillie en famille relais et que le service de l’Aide Sociale à l’Enfance n’a
pas souhaité que je la rencontre de nouveau afin d’avoir une brève explication sur le choix
qu’elle avait pris.
Les dénonciations de la jeune fille en question et de l’Assistante Familiale relais m’ont
confronté au cadre supérieur dans le but d’une explication pour faits aggravants de prise en
charge. Sans aucune preuve pertinente, le service acquiesçait les dénonciations de
l’Assistante familial relais et de la jeune me poussant à moi-même à me justifier de façon
très importante sur les actes de la vie quotidienne.
Le service me reprochera alors, de ne pas réaliser de petit-déjeuner en forme de buffet à
volonté lors du réveil de la jeune chaque jour. Voici un petit exemple de ce qu’il m’a été
reproché.
Une année après le départ de cette jeune, cette dernière reviendra sur ses dires pour avouer
avoir menti. Le service n’aura pas de réaction particulière face à cela et aucune prise en
charge n’a était proposé de leur part pour m’accompagner dans cette démarche difficile.
Depuis cette histoire, soit 4 ans après son départ, aucune explication n’est encore donnée.
Depuis mon adhésion au syndicat, une couverture professionnelle et alors rassurante et
permet de nous sentir en sécurité face à ce genre de comportement de la part de nos
adolescents que nous pouvons parfois accueillir.

Moi-même ayant eu besoin de contacter le syndicat en lien avec mes fiches de paie qui sont
bien souvent erronées et auprès duquel il faut l’appui d’un syndicat afin d’avoir les
rectifications correctes et comprise de manière assez rapide. De même pour la réorientation
d’une jeune au profil compliqué à travers laquelle le service ne souhaite pas la réorienter
malgré son mal-être au sein de notre famille.

Concernant mon intégration à l’équipe, je remarque qu’en tant qu’Assistante Familiale, nous
travaillons seul sans principal soutien de la part de quiconque autour de l’enfant.

Afin d’améliorer la qualité du travail fournis, il serait envisageable un recrutement massif de
référent éducatif, d’Assistant Familiale. Il faudrait également envisager plus de réunions
d’équipe (PEI ; soutien à la famille…).

Concernant l’avenir de l’Assistant Familiale, je le projette comme étant un métier qui finira
par prendre fin par manque de candidatures, d’intérêt porté au métier, de reconnaissance,
de difficultés quotidienne (manque de reconnaissance, pas de temps de repos…)
Je constate pour l’heure que mon avenir dans ce métier sera de plus en plus compliqué de
par sa difficulté émotionnelle, son manque de considération, sa difficulté physique et
psychique quotidienne, son manque de réussite face aux enfants accompagnés.

Concernant les conseils que je pourrais apporter à une personne qui souhaiterait faire ce
métier, j’essaierais de la convaincre de ne pas engager ses procédures car les moyens
humains et financier sont bien trop complexe pour une personne avec peu de ressources
dans le milieu de l’Aide Sociale à l’enfance. Les profils des enfants étant de plus en plus
compliqués et carencés ce qu’il rend ce métier très compliqué et également le gros manque
de soutien de la part des professionnels agissant autour de l’enfant (référent social etc…),
par manque considérable de temps.

Je parviens à travers mon métier à trouver un équilibre grâce aux congés pris chaque année
sans présence des enfants durant plusieurs semaines. En revanche, les divers documents
concernant les demandes de congés doivent être remplies plusieurs mois à l’avance dans le
but d’être traité dans les plus brefs délais.

Concernant la satisfaction dans le travail d’Assistant Familiale, serait d’aboutir aux objectifs
des besoins de l’enfant et de retourner dans son milieu naturel. »

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