Les organismes publics censés soutenir les personnes en difficulté, comme les Caisses d’allocations familiales (CAF), France Travail, ou l’Aide sociale à l’enfance (ASE), peuvent parfois involontairement aggraver la situation des personnes qu’ils sont supposés aider. C’est le constat alarmant de l’association ATD Quart Monde dans son rapport publié le 19 septembre 2024, qui met en lumière un phénomène méconnu : la maltraitance institutionnelle. Ce terme désigne les pratiques administratives inadaptées qui, au lieu de soutenir, enfoncent davantage des millions de personnes dans la précarité.
Un paradoxe aux conséquences désastreuses
Le rapport d’ATD Quart Monde s’appuie sur de nombreux témoignages pour illustrer comment la dématérialisation des services publics ou les contrôles abusifs peuvent nuire à ceux qui en ont le plus besoin. Pierre, un habitant de Flers (Orne), raconte comment la disparition des permanences physiques des CAF complique l’accès aux aides pour les plus démunis, notamment ceux qui ne maîtrisent pas l’informatique. « Il y a des gens qui ne savent même pas allumer un ordinateur », déplore-t-il. Le système, devenu purement numérique, crée ainsi des barrières supplémentaires pour des personnes déjà vulnérables.
L’administration dématérialisée : une exclusion supplémentaire
L’un des problèmes majeurs soulevés par ATD Quart Monde est l’explosion des démarches en ligne, qui excluent des milliers de personnes. Les services publics comme la CAF ou France Travail imposent aux bénéficiaires de mettre à jour leurs informations tous les trois mois, souvent via des plateformes numériques peu intuitives. « En cas d’erreur, les versements sont suspendus jusqu’à la résolution du problème, sans possibilité de correction rapide », explique Pierre. Ce dysfonctionnement peut entraîner des situations dramatiques pour des foyers déjà en grande difficulté financière.
Des contrôles perçus comme punitifs
Outre la dématérialisation, les contrôles renforcés des aides sociales sont également dénoncés. Selon les témoignages, les personnes en situation de précarité se sentent souvent traitées comme des fraudeurs potentiels. Pierre, contrôlé trois fois en un an par la CAF, témoigne : « On m’a dit que mon nom avait été tiré au sort, mais ça donne l’impression qu’on est suspecté de fraude en permanence. » Ces contrôles aléatoires, vécus comme une forme de pression psychologique, fragilisent davantage des individus déjà en difficulté.
Un appel à l’action
L’association ATD Quart Monde appelle à une prise de conscience urgente de la maltraitance institutionnelle et à des réformes concrètes. Parmi ses recommandations, elle propose une meilleure formation des agents publics, la réintroduction de permanences physiques, et une approche plus humaine des démarches administratives. ATD Quart Monde souligne également que ces mauvaises pratiques touchent non seulement les bénéficiaires, mais aussi les professionnels des services publics, souvent débordés et mal formés pour répondre aux besoins complexes des usagers.
Conclusion
La maltraitance institutionnelle est un fléau silencieux qui touche des millions de personnes en France. Alors que les organismes publics sont censés être des piliers de soutien pour les plus vulnérables, leurs pratiques inadaptées peuvent parfois exacerber la pauvreté. ATD Quart Monde, à travers son rapport, lance un appel fort pour une révision en profondeur de ces systèmes afin de restaurer la dignité et l’accès aux droits pour tous.
Cet article met en avant le phénomène méconnu de la maltraitance institutionnelle, un enjeu crucial pour les agents territoriaux et les professionnels des services publics, en lien avec les valeurs de justice sociale défendues par la FA-FPT.
Pour plus d’informations ou pour agir, contactez la FA-FPT CD62.