Le Conseil Départemental du département du Pas-de-Calais (CD62) traverse une période critique dans le domaine de la protection de l’enfance. Alors que le nombre d’enfants à placer ne cesse d’augmenter, le nombre d’assistants familiaux (AF) diminue dangereusement. Cette situation, alarmante pour les enfants en danger, va à l’encontre des recommandations de l’ONU, qui affirme que le placement familial doit être prioritaire, car il offre un cadre plus stable et chaleureux que les foyers institutionnels.
Pourtant, de nombreux témoignages émergent sur les réseaux sociaux : des candidats, agréés par la Protection Maternelle et Infantile (PMI), sont refusés d’embauche par le CD62 pour des motifs souvent jugés absurdes. Certains ont trouvé des opportunités dans d’autres départements, comme le Nord, où ils accueillent désormais plusieurs enfants. D’autres, épuisés et découragés, ont renoncé, malgré les sacrifices financiers engagés dans leur projet.
Une crise financière et des choix incompréhensibles
Comme beaucoup d’autres collectivités, le CD62 doit faire face à des contraintes budgétaires forte. Les placements en foyer coûtant 50 % plus cher qu’un placement en famille d’accueil, renforcer le recours aux assistants familiaux semble pourtant une solution logique pour allier qualité d’accueil et optimisation financière. Mais, paradoxalement, les témoignages de refus d’embauche augmentent. Pour les candidats ce sont aussi des gros investissements pour rien.
Mme G., une candidate recalée, partage son expérience :
« Après avoir investi des milliers d’euros dans l’aménagement de ma maison et obtenu l’agrément de la PMI, le CD62 m’a refusé pour des motifs flous. Aujourd’hui, je travaille pour le Nord et accueille trois enfants. »
Des décisions controversées et un processus peu transparent
Les témoignages recueillis pointent du doigt des critères de recrutement jugés flous, absurdes, voire discriminants. Parmi eux :
- « Regard fuyant » : mentionné par une psychologue comme motif de refus.
- « Trop exubérante » : un reproche adressé à une candidate malgré son expérience et sa motivation.
Une autre source de mécontentement concerne le processus d’évaluation. Dans certains cas, une seule personne est chargée de mener les visites et entretiens, comme cela a été rapporté pour certains secteurs du CD62. Cette pratique soulève des questions sur les risques de subjectivité et d’arbitraire :
- Absence de pluralité : une seule évaluation limite les perspectives et peut donner lieu à des jugements personnels.
- Dérives potentielles : des décisions négatives pourraient être influencées par des biais personnels, en l’absence de regard croisé d’un collège pluridisciplinaire.
Un candidat recalé souligne :
« Lors de ma demande d’agrément, une seule personne est venue chez moi. J’ai ressenti un manque de neutralité et une volonté de me décourager. Pourquoi ne pas inclure plusieurs professionnels pour éviter ce genre de dérive ? »
Les conséquences pour les enfants et les candidats
Pour les enfants, la baisse du nombre d’AF disponibles entraîne une augmentation des placements en foyer, malgré un coût financier et humain plus élevé. L’enfant perd souvent l’opportunité d’évoluer dans un cadre familial qui pourrait l’aider à mieux se reconstruire.
Pour les candidats, les refus d’embauche peuvent avoir des répercussions profondes :
- Perte financière : des milliers d’euros investis en travaux et en mise aux normes, souvent à fonds perdus.
- Désillusions professionnelles : un sentiment d’injustice et d’épuisement, qui pousse certains à abandonner leur projet.
Un appel à une réforme urgente
Le CD62 doit prendre conscience de l’urgence de la situation et de l’impact de ses pratiques de recrutement. Voici quelques recommandations proposées par les candidats et les professionnels :
- Transparence : clarifier les critères de recrutement et permettre un droit de recours.
- Collégialité : mettre en place des comités pluridisciplinaires pour les visites et entretiens afin de limiter les biais et garantir des décisions plus justes.
- Modernisation : améliorer les méthodes d’évaluation et mieux accompagner les aspirants AF tout au long du processus.
La FAFPT CD62, attachée à la qualité du service public, soutient les professionnels engagés dans la protection de l’enfance. Si vous êtes concerné par ces problématiques ou souhaitez échanger sur vos droits, n’hésitez pas à contacter notre syndicat.